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RACC : Rencontres Anticapitalistes Crise & Critique – Paris
13/05/2023 @ 09:00 – 14/05/2023 @ 17:00
RAAC : Rencontres Anticapitalistes Crise & Critique 13 et 14 mai 2023 – Paris
Lieu : Le Maltais Rouge 40 Rue de Malte, 75011 Paris
Table de Presse des éditions Crise & Critique
Participation libre et nécessaire (5 euros conseillés par journée) pour payer la location de la salle autour de 300 euros
Samedi 13 mai
Matinée : 9h30 – 12h30
« Que les choses continuent comme avant, voilà la catastrophe ». L’actualité de Walter Benjamin : Conférence-débat avec Herbert Böttcher (revue Exit ! – Allemagne)
La pensée de Walter Benjamin vise à interrompre le flux de l’histoire en tant que temps uniforme et vide. Au « moment du danger » du fascisme et de la guerre, sa réflexion visait à interrompre le catastrophique « continuer ainsi ». Il voulait rendre l’histoire lisible de manière à ce qu’elle brise sa gangue vide et mette le présent en difficulté. Il faut rendre perceptible ce qui a disparu dans l’histoire, notamment les victimes sur lesquelles elle a roulé en tant qu’histoire des vainqueurs. Herbert Böttcher, théoricien de la critique de la valeur-dissociation et membre du comité de rédaction de la revue Exit !, illustrera l’actualité de la pensée de Walter Benjamin dans la perspective des catastrophes qui se produisent dans le continuum de la crise du capitalisme et qui poussent à la destruction du monde.
Lieu : Le Maltais Rouge, 40 Rue de Malte, 75011 Paris
Après-midi : 14h-16h30
Politique d’identité intersectionnelle et politique de classe néo-marxiste. Quelques remarques critiques sur le tabou de l’abstraction à gauche : Conférence-débat avec Roswitha Scholz (revue Exit ! – Allemagne)
Ce n’est pas seulement dans le discours de gauche que la tension entre politique identitaire, où des facteurs d’identification particuliers développent des programmes politiques fondés sur ces identités, et politique de classe occupe aujourd’hui une large place. On y oublie toujours le problème de la détermination de la forme sociale, pour, à partir de là, médiatiser le processus réflexif avec la totalité concrète et la dépasser. Il n’est donc pas possible, comme c’est le cas aujourd’hui, d’invoquer les identités de groupe (même en se référant à une classe ouvrière imaginaire qui n’existe plus) et le fait d’« être concerné » comme critère de vérité. La théorie critique a besoin d’une distance réflexive, précisément pour ne pas laisser la critique s’adonner en fin de compte à une fausse immédiateté et tomber dans le piège barbare des mauvais rapports en cours de désintégration. Cela ne fait pas non plus de bien à un engagement pratique. Les intérêts particuliers et les sentiments viscéraux ne peuvent pas être le point de départ primaire. La dimension socio-psychologique de ce problème sera abordée dans la deuxième partie de l’exposé.
Lieu : Le Maltais Rouge, 40 Rue de Malte, 75011 Paris
Dimanche 14 mai
Matinée : 9h30 – 12h30
Discussion autour des concepts de la Critique de la valeur-dissociation : Rencontre avec Roswitha Scholz et Herbert Böttcher (revue Exit ! – Allemagne)
Avec la critique de la valeur-dissociation sous l’impulsion de Roswitha Scholz, Robert Kurz et de la revue Exit !, Il ne s’agit plus d’un simple élargissement et approfondissement de la critique marxienne de l’économie politique, il s’agit plutôt d’un dépassement théorique à l’intérieur de la Critique de la valeur reconnue comme trop limitée pour saisir la totalité sociale. La critique de l’économie politique n’est pas seulement enrichie par la critique de la valeur-dissociation, mais elle en est complètement transformée tout autant au niveau du contenu que de la méthode. Nous échangerons à ce propos avec Roswitha Scholz et Herbert Böttcher au travers d’une série de questions sur les concepts de valeur-dissociation, double socialisation, totalité brisée, totalité concrète, théorie des niveaux macro-, méso- et micro- de la socialisation, l’importance du réalisme dialectique, etc.
Lieu : Le Maltais Rouge, 40 Rue de Malte, 75011 Paris
Après-midi – 14h-16h30
La gauche et le problème de la reformulation de l’anti-impérialisme dans le contexte du capitalisme de crise : Echange avec Pierre Madelin (revue Terrestres – France)
Lieu : Le Maltais Rouge, 40 Rue de Malte, 75011 Paris
Depuis maintenant quelques décennies, beaucoup ont constaté à gauche la résurgence de formes dualistes d’internationalisme, poussant de nombreux mouvements ou personnalités dans le rôle de soutien assumé à des dictatures ou mouvements « réactionnaires » pseudo-anti-hégémoniques : l’Irak de Saddam Hussein, la Syrie de Bachar-al-Assad, la Russie de Poutine, l’islamistophilie d’une certaine gauche régressive à l’instar d’un François Burgat, le soutien de certains mouvements pro-palestiniens au Hamas, au Hezbollah et à l’Iran, etc. sans parler de la gauche Maduro/Chavez, de la géopolitique de Mélenchon ou des sorties du Monde Diplomatique et de son directeur de rédaction Serge Halimi.
Alors que des années 1920 aux années 1970, de nombreux courants anti-impérialistes ont pu soutenir des mouvements anti-hégémoniques de libération ou d’indépendance en apparence progressistes, l’échec des modernisations de rattrapage dans les périphéries et le processus mondial de crise du capitalisme global à partir des années 1980 ont multiplié à n’en plus savoir que faire, les dictatures de modernisation ou les acteurs métapolitiques religionistes qui ne sont qu’un des visages de la barbarisation du capitalisme et d’un état d’exception de plus en plus permanent. Pour autant, dans le nouveau contexte du capitalisme de crise globale, la vieille grille anti-impérialiste de soutien à des Etats qui comportait encore une visée émancipatrice durant la conjoncture des années 1920-1970 a été transposée telle quelle, sans aucune révision de sa compréhension du monde contemporain, sur les pires des régimes de crise ou mouvements fondamentalistes de la période actuelle.
Pour identifier ce problème persistant, la gauche révolutionnaire a alors parlé de « campisme » ou d’« anti-impérialisme des imbéciles » (Leila Al-Shami) afin de s’en démarquer. Moishe Postone a identifié dès les années 2000 ce problème colossal posé au camp de l’émancipation en évoquant le fait que « les progressistes ont été confrontés à une situation qu’ils auraient dû comprendre comme un dilemme : un conflit entre, d’un côté, une puissance impérialiste mondiale agressive et, de l’autre, un mouvement anti-mondialisation profondément réactionnaire, Al-Qaïda, ou un régime fasciste brutal, celui de Saddam Hussein » (Postone dans « Internationalisme et anti-impérialisme »). Il rajoutait : « il n’y a guère eu de tentatives de problématiser ce dilemme et d’analyser cette constellation de manière à formuler une critique à visée émancipatrice, ce qui semble être devenu extrêmement difficile dans le monde d’aujourd’hui. Pour cela, il aurait fallu développer un internationalisme en rupture avec le dualisme de la Guerre froide, un dualisme qui a trop souvent légitimé comme « anti-impérialistes » des États qui n’étaient pas plus émancipateurs que de nombreux régimes autoritaires et répressifs soutenus par le gouvernement américain. » Aujourd’hui, à gauche, nous sommes loin d’être sortis de ces modèles et attitudes politiques inadéquats et anachroniques.